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  • : Le blog des Amis du Patrimoine Saint-Martinois
  • : Ce blog a pour but de mieux faire connaître les activités de l'association des Amis du Patrimoine Saint-Martinois. Il permet également de mieux connaître l'histoire de Saint-Martin-Boulogne
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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 20:56
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Mme Françoise Rétaux, adjointe au Maire, chargée de la Culture et du Patrimoine acceuille au nom de la Ville de Saint-Martin-Boulogne, M. Alain Lottin (voir son discours)
Alain Lottin débute sa conférence en posant les jalons de Boulogne et du Boulonnais, indépendants, frontaliers avec leurs privilèges et ville fortifiée sans imposition.
Pendant la première moitié du XVIe siècle, la ville est attaquée à plusieurs reprises par les Anglais depuis Calais, qui leur appartient. Boulogne tombe, également, aux mains des Anglais, en 1544. En 1550, Henri II rachète la ville aux Anglais pour la somme de 400 000 écus d'or. Les Anglais acceptent cet échange car ils ne peuvent entretenir les deux villes.
Après la Paix des Pyrénées, en 1659, une grande partie de l'artois est rattachée à la France.
Durant le règne de Louis XIV, le Boulonnais souffre des guerres incessantes dans le royaume, des réquisitions importantes, de la famine dans tout le pays. Louis XIV et ses ministres voudraient mettre fin aux privilèges et franchises des Boulonnais, surtout en matière fisclae, ce qui permettrait de trouver de l'argent pour continuer les conqu^tes, mais le peuplle, les nobles n'acceptent pas.
Le pays connaît une très dure crise de subsistances. Louis XIV trouve un subterfuge : il envoie ses troupes de cavalerie occuper la région, à charge pour la contrée de subvenir aux besoins des troupes. Les bourgeois et le peuple se révoltent, se batent contre les soldats du Roi et les chassent. L'armée royale écrasent les révoltés à Hucqueliers, en 1662. La répression est terrible : les habitants sont massacrés, la campagne saccagée. Les révoltés sont arrêtés. Sur les 586 prisonniers, un grand nombre est envoyé aux galères à Toulon. Les chefs et les meneurs sont pendus.
Alain Lottin termine sa conférence en indiquant, qu'aujourd'hui, on ne connait pas vraiment l'origine de nom Lustucru donné aux révoltés.
Enfin, en guise de conclusion à cette soirée, Alain Lottin, déplore la suppression de l'enseignement de l'Histoire en classe de terminale.





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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 16:18

Alain Lottin animera une conférence le 26 mars 2010, à 18h30, salle Germaine Dumortier, rue de la Colonne sur le thème : "La grande révolte des Boulonnais, dite des Lustucru (1662)"

Après la paix des Pyrénées (1659) qui voient le rattachement d'une importante partie de l'Artois à la France, Louis XIV et ses ministres veulent mettre fin aux privilèges et franchises du Boulonnais, surtout en matière fiscale.  Alors que le pays connaît une très dure crise de subsistances, le roi envoie des troupes de cavalerie vivre aux frais des habitants. Les paysans prennent les armes et les chassent. Ils sont écrasés par l'armée royale à Hucqueliers le 11 juillet 1662. Sur les 586 prisonniers faits, quelques uns sont pendus ou rompus vifs et 363 sont envoyés aux galères à Toulon.

Alain Lottin, natif et citoyen d'honneur de Saint- Martin, professeur émérite des universités, ancien président de l'Université Charles de Gaulle- LILLE III, puis de l'Université d'Artois et de l'Université populaire de Lille, auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire du Nord-Pas-de-Calais, évoquera cette période dramatique de notre histoire, ses causes, ses conséquences.

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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 11:57
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Ce mercredi 17 mars, les Amis du Patrimoine Saint-Martinois se sont rendus à l'exposition consacrée à Napoléon au Château Musée de Boulogne-sur-Mer.

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 11:20
Ravaut 1Photo : Collection privée de M. et Mme Ravaut

Photo prise depuis la maison des Willieme à Saint-Martin-Boulogne, début du XXe siècle.
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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 11:05
RavautPhoto : M. et Mme Jean Ravaut

La maison de M. Ravaut (Pèle-Mêle), 159 route de Saint-Omer à Saint-Martin-Boulogne. Cette maison est devenue les 223 et 225 route de Saint-Omer.
Rebâtie en 1947, le bâtiment est complétement en mai 1949.
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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 16:57

Le Comité d'Histoire du Haut-Pays vous invite à participer à la conférence que M. René Lesage consacrera à l'illustre famille de Créquy, le samedi 27 mars 2010 à Fressin.
Nous vous espérons nombreux à pouvoir nous rejoindre pour cette communication qui sera suivie d'un débat et s'achèvera par une collation.
Nous serions très heureux si les personnes intéressées voulaient bien nous informer de leur venue, ceci afin de nous faciliter la préparation de la séance.
 
Sophie Léger & René Lesage

Comité d'histoire du Haut-Pays
23 rue Jonnart
62560 Fauquembergues
Tel : 03 21 93 53 00
http://www.histoirehautpays.com

M. Alain Desmulier, Président de l’Association du Château de Fressin,

M. Serge Dufour, Président, et les membres du Comité d’Histoire du Haut-Pays,

 

 

 

Ont le plaisir de vous convier à la conférence de M. René Lesage, intitulée :

 

 « Autour de la famille de Créquy »

 

 

Qui se tiendra à Fressin le samedi 27 mars 2010, à 14 h 30.

(salle de la mairie, 8 grand rue)

 

 

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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 10:13

Jorge Semprun, Ecrivain, Ancien ministre de la culture espagnol. Né à Madrid en 1923, il a appartenu à la Résistance communiste et a été déporté de France à Buchenwald en 1943. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels "L'Ecriture ou la Vie" (Folio, 1996), et publie un recueil d'essais consacrés à l'Europe : "Une tombe au creux des nuages" (Flammarion, 330 p., 19 €).

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On peut comprendre que je ne veuille pas rater semblable occasion !
La place d'appel de Buchenwald, dans le vent glacial de l'Ettersberg - vent d'une éternité mortifère, qui y souffle éternellement, même au printemps -, est un lieu rêvé pour parler de l'Europe, tout d'abord. Car Buchenwald a été un camp nazi jusqu'en avril 1945. Les derniers déportés, des partisans yougoslaves, l'ont quitté au mois de juin de cette année.
Mais, dès septembre, le camp a été rouvert sous l'appellation Speziallager n° 2, camp spécial numéro deux de la police soviétique de la zone d'occupation russe.
C'est en 1950, après la création de la République démocratique d'Allemagne (RDA), que le camp a été fermé et le site transformé en lieu de mémoire. Mais ce n'est qu'après 1989, après la chute du mur de Berlin et de l'Empire soviétique, après la réunification démocratique de l'Allemagne, que Buchenwald a pu assumer ses deux mémoires, son double passé de camp nazi et de camp stalinien, successivement.
Lieu idéal, donc, unique en Europe, pour penser à l'Europe, pour y méditer sur ses origines et ses valeurs. Pour y rappeler aux jeunes visiteurs - des milliers chaque année -, aux étudiants du monde entier qui y font des stages de formation historique, que les racines de l'Europe peuvent se trouver ici, dans les traces matérielles du nazisme et du stalinisme, contre lesquels a commencé, précisément, l'aventure de la construction européenne.
Traces visibles à l'oeil nu : au sommet de la colline, la cheminée trapue du crématoire, à jamais éteint, rappelle les dizaines de milliers de morts du camp nazi, ceux qui ont trouvé une tombe au creux des nuages, comme l'a écrit Paul Celan. Au pied de l'Ettersberg, par contre, aux limites de l'ancien camp de quarantaine, une jeune forêt plantée par les autorités de la RDA cache les fosses communes où sont enfouis, en vrac, anonymes, les milliers de cadavres du camp stalinien.
Lieu idéal, en effet, que la place d'appel de Buchenwald, pour rappeler les origines de l'Europe, mais aussi pour évoquer son avenir, à ce moment de crise, d'involution, de manque de souffle et d'allant. Moment où revient en mémoire la phrase d'Edmund Husserl, prononcée à Vienne en 1935, à l'apogée des totalitarismes : "Le plus grand danger pour l'Europe, c'est la lassitude."
Mais aujourd'hui, pour le dire avec les mots de Claudio Magris, grand écrivain européen, l'essentiel n'est plus de lutter contre les totalitarismes, mais de se battre contre les particularismes, pour faire de cette addition problématique de vingt-sept pays libres une structure multiforme et organique d'une même raison démocratique.
Cette année, par ailleurs, des vétérans américains de la IIIe armée de Patton participeront, semble-t-il, aux commémorations. Occasion idéale pour évoquer le rôle décisif que jouèrent autrefois, dans la libération du camp, les combattants afro-américains des bataillons de choc ; les jeunes soldats hispaniques du sud des Etats-Unis au parler castillan fluide et mélodieux ; les fils des fermiers de l'Amérique profonde qui découvraient, dans cette juste et terrible guerre, les valeurs universelles de leur démocratie. Le 11 avril 1945, pendant que les avant-gardes blindées de Patton, ayant battu et dispersé la garnison de Buchenwald et les hommes de la division SS Totenkopf, fonçaient victorieusement sur Weimar, contournant le camp proprement dit, où les Américains ne reviendraient que 24 heures plus tard, une Jeep de l'armée se présentait à l'entrée monumentale du camp.
Une Jeep solitaire dans le fracas de la bataille. Deux hommes en uniforme. Mais l'un est un civil, journaliste peut-être. L'autre est un officier, un premier lieutenant. Mais l'important n'est pas là. Ce qui importe, c'est leurs noms. Le civil s'appelait Egon W. Fleck, l'officier Edward A. Tenenbaum. Dites ces noms à haute voix et retenez vos rires, retenez vos larmes. Deux juifs américains sont les premiers à franchir la porte du camp de Buchenwald, accueillis en triomphateurs par les hommes en armes de la Résistance antifasciste.
Dans les archives américaines, on peut trouver le rapport préliminaire sur Buchenwald que Fleck et Tenenbaum rédigèrent, le 24 avril 1945, pour les autorités de leur armée. Leur surprise bouleversée, leur émotion y sont encore sensibles, si longtemps après. Mais cette incroyable ironie de l'Histoire, ce pied de nez ontologique que signifie la présence de Fleck et Tenenbaum à l'entrée de Buchenwald (juifs américains, bien sûr, mais d'origine germanique assez récente. La preuve en est dans leur rapport préliminaire, rédigé en anglais, où ils emploient pourtant le mot allemand panzerfaust pour nommer le bazooka, arme individuelle antichar !), ce hasard merveilleux nous ramène à une vérité incontournable.
Quand tous les témoins, déportés résistants, auront disparu, bientôt, dans quelques années, il restera encore une mémoire vivante, personnelle, de l'expérience concentrationnaire, une mémoire qui nous survivra et c'est la mémoire juive.
Le dernier homme à se souvenir, bien après notre mort, sera un de ces enfants juifs que nous avons vus arriver à Buchenwald, en février 1945, évacués d'Auschwitz, ayant miraculeusement survécu au froid, à la faim, à l'interminable voyage en wagons de marchandises, souvent découverts, pour témoigner au nom de tous les disparus, les naufragés et les rescapés, les juifs et les goys (les non-juifs), les femmes et les hommes. Longue vie à la moire juive de toute notre mort !


 

 

ans un texte superbe, Catherine Herszberg a évoqué récemment (Libération du 13 février) une visite à Auschwitz, à l'occasion du 65e anniversaire de la découverte du camp par l'Armée rouge. Elle y accompagnait une vieille parente, ancienne déportée. Et son récit - ironie décapante, précision du regard, émotion maîtrisée - confirme avec éclat l'idée qui est la mienne depuis des années : il n'y a que l'écriture, il n'y a que les écrivains qui soient capables de maintenir vivante la mémoire de la mort. Sinon, si les écrivains ne s'approprient pas cette mémoire concentrationnaire, s'ils ne la font pas revivre et survivre par leur imagination créatrice, elle va s'éteindre avec les derniers témoins, elle cessera d'être une mémoire charnelle du vécu de la mort.

Le texte de Catherine Herszberg avait pour titre précisément, prémonitoirement, "Les funérailles de la mémoire".
Pourtant, malgré la pertinence attristée de ce récit, malgré son analyse lucide et désabusée des inévitables pièges, impasses et bévues des commémorations officielles, je serai le 11 avril sur la place d'appel de Buchenwald pour y prendre la parole, lors de la cérémonie commémorative de la libération du camp par les soldats américains de la IIIe armée du général Patton. J'ai accepté l'invitation que m'ont faite la ministre-présidente du gouvernement de Thuringe, Christine Lieberknecht, et le directeur du Mémorial de Buchenwald-Dora, un ami, le professeur Volkhard Knigge.
Et pourquoi, pour quelles raisons ?
Pour une raison principale, dont dépendent toutes les autres, complémentaires : parce que c'est la dernière fois. Je veux dire, bien sûr, la dernière fois pour moi. Dans cinq ans, en effet (les commémorations officielles, pour souligner leur solennité, probablement, ont adopté un rythme quinquennal) à l'occasion du 70e anniversaire de la découverte et de la libération des camps, je ne serai plus là.
Pour la dernière fois, donc, le 11 avril, ni résigné à mourir ni angoissé par la mort, mais furieux, extraordinairement agacé à l'idée de n'être bientôt plus là, dans la beauté du monde, ou bien, tout au contraire, dans sa fadeur grisâtre - ça revient au même, dans ce cas précis -, pour la dernière fois je dirai ce que je pense avoir à dire.
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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 09:25
2010 sera a n'en pas douté une année de commémoration : libération des camps, fin de la guerre... Les Amis du Patrimoine Saint-Martinois publieront de nombreux articles relatifs à cette période douloureuse de l'histoire. Aujourd'hui, nous vous proposons la lecture et la réflexion de Catherine Herszberg, par dans la journal Libération du 10 février 2010.

L’écrivain Catherine Herszberg a accompagné une parente, rescapée des camps, au 65e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau, fin janvier.
Une commémoration sans âme et sans égard pour les victimes.

Je viens d’une de ces tribus où les camps ont une puissance de réalité telle que leur évocation ponctue les causeries les plus ordinaires. Sans drame, ou exceptionnellement, ou en passant, ou juste comme ça, le camp surgit dans la phrase puis la quitte aussitôt comme il en va du vocabulaire quotidien. Aussi n’ai-je jamais eu envie de voir Auschwitz-Birkenau, jamais. Mais tout récemment, à l’occasion du 65e anniversaire de la libération du camp, l’une des deux rescapés de ma famille a manifesté le désir de s’y rendre une fois encore, la dernière, sur les traces de sa mémoire et pour dire adieu aux siens. Y aller avec Régine, cette toute petite femme rétrécie au fil des ans, 90 ans, d’une vitalité à épuiser un enfant, était une occasion sans doute sans lendemain. «Je viens avec toi. - Ah ! Quel bonheur…» Plus question de reculer.

Pourtant l’affaire m’a vite paru mal engagée. Et d’abord le courrier de la puissance invitante, le secrétariat d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants. «Il m’est particulièrement agréable de vous convier […] à accompagner le ministre pour ce déplacement symbolique.» J’ai pensé : Auschwitz est, j’espère, trop réel pour devenir symbolique. Et aussi : les déportés n’accompagnent personne dans les camps, ils y reçoivent. Et encore : a-t-on besoin de figurants pour la photo ? Mais il y a des sujets, comme celui-là, où on est très pointilleux et on avance tous sens dégainés. Il fallait tempérer. La formulation était maladroite, mais le cœur devait y être. J’avais mauvais esprit. A quelques jours du départ, on a reçu le programme de la journée dans une enveloppe aux couleurs de la France, certifiée ministère de la Défense. Au milieu de l’enveloppe, imprimé sur un sticker, mon nom ès qualité : C. H., accompagnatrice, Union des déportés d’Auschwitz. «Allô, t’as reçu ta convocation ? - Oui, Régine. - Ils ont mis quoi sur ton enveloppe ?Accompagnatrice. Et sur la tienne ?Ancienne déportée.Sur l’enveloppe ? Ils ont mis ça sur l’enveloppe ?! - Oui, sur l’enveloppe.» Ils auraient dû mettre le numéro, m’a dit un ami. Mes amis aussi ont mauvais esprit.

Animation collective

Le 27 janvier, à 5 heures du matin, on a rejoint l’avion officiel. A bord, 170 passagers, le ministre et sa troupe, des personnalités, des parlementaires, des lycéens… Et seize anciens déportés de 80 ans bien passés. Nous nous sommes posés à Cracovie par - 17 °C pour embarquer dans des bus direction Oswiecim. A chaque bus son «chef de groupe». La nôtre fit preuve d’un talent certain pour l’animation collective. Puisque le bus transportait des déportés et des lycéens - lauréats, qui plus est, du concours national de la Résistance -, ils allaient se causer.

A voix haute. Au micro. On appelle ça la transmission de mémoire. La chef de groupe : «Madame M., venez, venez vous asseoir devant, prenez le micro, venez témoigner pour les jeunes et eux vous poseront des questions.» La voix de Madame M. s’élève dans le bus, au micro, entraînée malgré elle dans le circuit découverte de l’extermination. «Mes parents et dix de mes frères et sœurs ont été gazés dès le départ…» Trois jeunes lycéens ont pris place à ses pieds, tendus vers la transmission de mémoire… «Et le SS était capable de prendre mon numéro et de me fusiller…» Madame M. sollicite les adolescents pour qu’ils posent des questions. «Vous n’imaginez pas ce qu’était l’appel, dans le froid glacial, nus, pendant des heures…» Madame M. insiste pour entendre des questions, les lycéens sont à la peine. «Et la faim ? Heureusement vous ne savez pas ce qu’est la faim…» Au fond du bus, la conversation a repris normalement - la mémoire y avait sans doute déjà été transmise… «Les cheminées brûlaient constamment…» Les lycées ont fini par dénicher quelques questions… «Il y avait une odeur à Auschwitz qu’on ne peut pas oublier…» J’ai pensé que cette voix allait sans fin s’écouler du micro, couvrant sans l’effacer le brouhaha des conversations et soudain, ce fut irrépressible, j’ai bondi au fond du bus vers l’accompagnatrice : «Vous allez nous faire subir ça jusqu’au bout ? C’est obscène !» La chef de groupe : «Pour toute réclamation, adressez-vous au service du protocole.» Autour de nous quelques parlementaires avaient écouté, surpris et muets. Ce n’était donc pas obscène. J’avais mauvais esprit.

Nous sommes arrivés à Auschwitz une heure plus tard et avons quitté le groupe pour arpenter le camp au fil des souvenirs de Régine. Trop-plein d’émotion et peu de souvenirs, c’est à Auschwitz II-Birkenau qu’elle était. Avant le déjeuner, une ancienne déportée l’a interpellée, avec ce fort accent yiddish prochainement disparu. «La visite vous plaît ? Moi, elle me plaît pas du tout ! Ils ont tout changé, les lunettes, y en a presque plus, et les cheveux, c’est pas les vrais cheveux. Y avait de grandes nattes, de grosses nattes blondes, elles y sont plus.C’est impossible, madame, ils n’ont pas changé les vitrines. -  Je vous dis qu’ils ont tout changé ! Les nattes sont plus là, les lunettes non plus…» Trop-plein d’émotion. A table, j’ai conversé avec mon vis-à-vis, monsieur Salomon, décoré du mérite, de l’honneur et de la Croix de guerre. Résistant, il n’était jamais passé à Auschwitz ; il avait survécu au Struthof et à Dachau.

Après le repas, on nous a embarqués vers Birkenau… vers le porche d’entrée de Birkenau, la rampe de Birkenau. C’était une belle journée froide et ensoleillée, la rampe était couverte d’une épaisse couche de neige, on a marché vers la longue tente dressée pour les cérémonies officielles, là-bas, au fond du camp, et le long de la rampe, Régine a expliqué à quelques membres de la délégation la sélection à l’arrivée des trains. Ecoute très attentive, mais ça n’a pas duré, on a rejoint la tente où ça bouchonnait à l’entrée. «Les survivants !… Passez devant !» Comme accompagnatrice de survivant, j’ai eu la chance de pouvoir couper la foule.

«Di redst yiddish ?»

Sous la tente, quelques centaines de personnes étaient installées - les survivants en bonne place, mais comme ils n’atteignaient pas la centaine, ils n’en prenaient pas beaucoup. Dans la foule, çà et là, des calottes ecclésiales, des chapeaux de juifs pieux, quelques bonnets de déportés. Une dame m’a abordée, «di redst yiddish ?», j’ai envoyé Régine. La dame tenait à la main une photo vieillie où posaient 25 adultes, jeunes et moins jeunes. Sa famille, a-t-elle expliqué, tous assassinés, sauf une, elle-même. Au ghetto de Vilno, les nazis avaient été très efficaces. Mais là, sous la tente, Régine et elles ont ri et chanté en yiddish.

A mes côtés, monsieur Salomon, un peu là, un peu ailleurs. « Nous, les combattants, c’était normal, les combattants quand ils sont pris, l’ennemi les punit. Mais les israélites, eux, pourquoi ? Pourquoi ?! Les israélites, eux, ils n’avaient rien fait. Heureusement, je ne vivrai plus très longtemps, sinon je pourrais devenir sanguinaire…» Je comprends, monsieur Salomon, je comprends, c’est un peu mon histoire. «Votre histoire? Parce que vous êtes israélite vous aussi?» Ce n’était pas le moment mais j’ai failli pouffer, pensant à la scène de Rabbi Jacob où de Funès interroge son chauffeur : «Vous êtes juif, Salomon ? ! Vous êtes juif ?!….» A Birkenau, monsieur Salomon, peut-être pas juif, rejouait avec moi la scène en inversant les rôles. Rien n’est jamais certain. Mais il ne s’agissait pas de rigoler, les discours allaient commencer. La puissance invitante a parlé en premier, en polonais naturellement. Puis une deuxième personne, un déporté je crois, mais peut-être pas, a pris la parole, en polonais également, et au troisième propos en polonais non sous-titré, j’ai eu enfin l’idée de me saisir du document rangé sous mes fesses qui contenait une partie des discours en anglais. Mais ignorant tout de la langue originale je ne sus où rattraper la traduction. Après quarante minutes de polonais non traduit non sous-titré, j’ai quitté la tente, pensant qu’il ferait nuit quand tout serait fini et que je n’aurais rien vu à Birkenau.
Mais en ce 65e anniversaire de sa libération, le camp était bouclé aux trois quarts. Exceptionnellement. Pour garantir, s’est-il dit, la sécurité de Benyamin Netanyahou. Le Premier ministre d’Israël était le seul dirigeant étranger présent, comme si, pour tous, il allait de soi qu’il fût le représentant incontournable de la destruction des Juifs d’Europe. Sa présence avait de surcroît entraîné la fermeture du camp sans que personne eût un instant songé aux ultimes survivants. Et pas davantage à ceux qui avaient fait le voyage - comme si la visite d’Auschwitz-Birkenau était une balade touristique renouvelable à loisir. Dès lors, pour quitter la rampe et accéder à la partie non close, il fallait sortir. Mais sortir ne garantissait pas de pouvoir revenir sur ses pas pour regagner la tente. Etre à Auschwitz. S’énerver après la garde pour ne pas quitter le camp. Puis s’énerver derechef après la garde pour y rentrer à tout prix. Raconté après coup, c’était assez comique, sur l’instant, ça ne l’était pas du tout.

Armée Rouge oblige

Quand j’ai enfin pu rejoindre la tente, il était largement plus de 5 heures, et Régine en sortait indignée par près de trois heures de discours en polonais non traduit, avec un léger intermède en russe (armée Rouge oblige) et un autre intermède en anglais (Netanyahou). Le représentant de la France, pas assez prestigieux dans la hiérarchie de l’Etat, n’était pas au programme. «Ici, c’est chez moi», avait dit Régine quelques heures plus tôt. «Ici, c’est chez nous», avaient dit d’autres rescapés.
Le monde occidental, parlant ce jour-là polonais, venait de célébrer la libération d’un camp devenu une affaire polonaise, et pas un Rom, pas un Juif non polonophone n’avait été convié à s’exprimer dans une langue qui était la leur quand ils furent anéantis. Alors eut lieu le seul événement humain de cette journée imposée, au pied du monument figé dans un champ de neige, les prières aux morts et la plainte du kaddish s’élevant, horriblement poignante, dans la nuit noire trouée des flammes de centaines de petites bougies.
Dans l’avion, au retour, des langues se sont déliées sur cette invraisemblable commémoration, la dernière où s’étaient joints des survivants a répété la presse du jour et du lendemain qui n’y avait rien vu. Quant à moi, ce 27 janvier 2010 à Auschwitz-Birkenau, j’ai eu la sensation bouleversante d’avoir participé au cortège funéraire de la mémoire. 

Catherine Herszberg est l’auteure notamment de Fresnes, Histoire de fous(Seuil, 2006). Vingt-trois membres de sa famille ont disparu dans les camps de la mort.

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 16:22

Le comité de rédaction prépare le bulletin n° 15 des Amis du Patrimoine Saint-Martinois.
Tous les articles seront les bienvenus.
C'est pourquoi, je vous invite à faire parvenir au secrétariat vos contributions avant le lundi 15 mars 2010, date limite.

La Présidente
Michelle Belval-Knobloch

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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 14:30
La MontagneLa Montagne (1)
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